On est élu pour agir
DECLARATION de Didier ROBERT
Saint-Denis, le 26 octobre 2021
On est élu pour agir.
On est élu pour agir. C’est en tous cas ma conception de la politique. On est élu pour agir, pour faire, pour bâtir, pour construire, pour proposer. On est élu sur la base des engagements pris devant les électeurs. Ce sont ces engagements qui sont le socle du pacte de confiance entre le citoyen et ses élus. Pour ma part, j’ai toujours gardé ces marqueurs à l’esprit quelles que soient les mandats que les Réunionnais m’ont confiés.
Les dernières élections me placent aujourd’hui dans l’opposition.
Pour ma part, je veux continuer à agir, à m’engager, à continuer à m’investir pour La Réunion. Mais j’entends désormais le faire en dehors de l’espace politique. Je me sens bien plus utile dans l’action que dans la critique et l’opposition. La gouvernance engagée à la Région au cours de ces derniers mois reste bien éloignée de ce en quoi je crois. Etre en continu dans la critique comme semble vouloir le faire l’actuelle majorité, dans les remises en question faciles de tels ou tels projets pour ne pas en avoir été à l’origine ne fait pas partie de mon cheminement. Et surtout si au final c’est pour revenir aux solutions de départ comme ce qui est semble-t-il proposé aujourd’hui par la nouvelle majorité s’agissant du projet de la Nouvelle Route du Littoral ! Que de temps et d’énergie perdus !
Les Réunionnais ont fait un choix en juin dernier. Il y a désormais une nouvelle majorité. Il lui appartient de mettre en œuvre son programme et je lui souhaite de réussir, pour le bien commun, dans l’intérêt de notre île et des Réunionnais.
Je ne serai pas en tous cas celui qui viendra par calcul ou tactique politiciens entraver d’une manière ou d’une autre l’action régionale. C’est pour ma part ce que j’ai eu à connaître au cours des deux mandats précédents. Une façon de faire que j’estime une fois encore stérile et inutile.
Je prends ainsi la décision de me mettre en retrait de la vie politique.
Je me suis engagé pendant 20 ans au service de l’action publique, à mettre toute mon énergie à participer au développement de mon île. Ce sont des années exceptionnelles à bien des égards.
En tant que maire dans un premier temps, en tant que président de région ensuite, j’ai travaillé à faire bouger les lignes sur la base des valeurs qui ont toujours guidé mon action : le travail, l’éducation, la formation ouverte au plus grand nombre, l’accompagnement des entreprises, la réussite des entrepreneurs et des porteurs de projets, l’équilibre entre croissance et écologie, l’égalité homme-femme, la préservation et la valorisation de notre vivre-ensemble, l’ouverture aux autres, l’ouverture au monde, l’affirmation et la fierté d’être à la fois profondément Réunionnais-Français-européen…Voilà les lignes de force qui ont toujours servi de socle aux actions que j’ai été amené à porter avec toute une équipe, élus administratifs, techniciens…
Je n’ai aujourd’hui ni amertume ni colère.
J’ai la déception bien sûr d’une défaite électorale mais les Réunionnais ont fait majoritairement un choix que je respecte profondément, quelle que soit la manière dont cette campagne s’est déroulée ! Chacun, dans le cadre de l’Union des Droites et des centres, porte le sens de sa propre responsabilité, face à lui-même, face aux autres, face aux Réunionnais. Et je sais que chacun saura reconnaitre sa part de responsabilité comme je le fais!
Je ne me pose surtout pas en donneur de leçons. J’ai donné le meilleur de moi-même avec des femmes et des hommes qui m’ont accompagné tout au long de ces années ; certains fidèles et loyaux au projet, d’autres qui auront pris d’autres chemins.
Je veux dire à tous mes amis, aux militants, aux fidèles que j’ai une pensée pour chacun d’entre eux. Beaucoup jugent la situation injuste. Il n’est pas nécessaire d’avoir le regard rivé sur les rétroviseurs, il faut aller de l’avant.
Mais je veux aussi dénoncer ici les dérives s’agissant des agents de la Région qui seraient aujourd’hui licenciés ou pour lesquels les contrats ne seraient pas reconduits à cause de leur supposé engagement politique. On ne licencie pas quelqu’un au regard de ses opinions, de ses croyances, de son idéal. La majorité actuelle devrait de mon point de vue avoir le respect des mères et pères de famille qui n’auront à aucun moment démérité dans leurs missions au service de la collectivité. Ils auront assumé leur travail avec sérieux, au nom du service public et de l’intérêt général. Les agents de la région sont des personnes remarquables et compétentes, investies pour la collectivité régionale.
Sur la NRL, toutes les conditions sont réunies pour livrer dans les prochains mois 80% de la route. Il faut amener l’Etat à assurer aussi sa part de responsabilité pour terminer le chantier dans sa globalité. Les budgets sont disponibles. Les conditions techniques et les procédures réunies. Il faut agir et être en mode accéléré comme nous l’avons toujours été.
On ne peut être dans la même posture d’opposants en étant en responsabilité – cela ne sert pas l’intérêt général. Les Réunionnais attendent une livraison la plus rapide possible de cette route.
S’agissant de budget de la région qui a longtemps fait l’objet de critiques, je veux simplement rappeler une réalité et un chiffre.
Pendant 10 ans, nous avons été en capacité de porter l’ensemble de projet régional : 36% de l’investissement public assuré par la région, près de 100 millions d’euros consacrées chaque année à la formation professionnelle, 50 millions par an au titre de la CT qui auront permis à près de 140 000 Réunionnais de pouvoir voyager entre La Réunion et la métropole à moindre coût, 17000 lycéens chaque année qui auront bénéficié du POP, un soutien sans précédent aux entreprises qui aura permis une baisse importante du chômage en 10 ans, l’ouverture des antennes économiques de la région dans tous les pays berceaux de peuplement de l’île, un doublement des aides aux acteurs culturels et sportifs, la production de 98% de notre électricité d’ici 2 ans sans énergie fossile…Toutes ces actions ont été mené grâce à un budget régional solide. Sinon, tout cela n’aurait pas été possible ! l’an dernier, pour faire face à la crise COVID, la collectivité régionale aura été en capacité d’injecter plus de 120 millions d’euros supplémentaires pour soutenir les entreprises et donc l’emploi (Fond de solidarité régionale, aides aux acteurs du tourisme, aux acteurs de l’événementiel…).
Un chiffre : pendant 10 ans, chaque année, la Région Réunion a présenté un budget avec plus de 120 M d’euros d’épargne brut chaque année pour un budget global de 1milliard d’euros en moyenne. C’est en comptabilité publique, le ratio le plus significatif de la bonne ou de la mauvaise gestion. En clair, une fois payés les frais de fonctionnement, il reste plus de 120 millions chaque année pour pouvoir réinvestir. Le compte administratif de la Région pour l’exercice 2020 a d’ailleurs été approuvé au mois d’août par la nouvelle majorité, prouvant bien là la reconnaissance d’un budget solide, sincère et engagé que l’ancienne majorité aura exécuté en 2020.
La Région a largement les moyens aujourd’hui de poursuivre son action, à condition de garder une certaine prudence bien sûr, une vraie cohérence entre les différentes collectivités à renforcer et de conserver la confiance des partenaires financiers privés, de l’Etat et de l’Europe.
Mon engagement aujourd’hui
Je veux continuer à défendre les valeurs auxquelles je crois, continuer à être à l’écoute des réunionnais, continuer à défendre mon île. Je serai présent à titre bénévole aux côtés de certaines associations qui oeuvrent pour la défense des plus fragiles, ici, dans nos rues, à deux pas de chez nous, plus loin, à Madagascar ou ailleurs. Ce sont des femmes et des hommes remarquables qui donnent beaucoup de leur temps et de leur énergie. Ils méritent le soutien des autorités et de chaque personne qui pourra apporter sa contribution. En toute humilité, je continuerai à apporter ce que je sais.
Par ailleurs, je vais m’engager à accompagner des entreprises réunionnaises avec l’expérience qui peut être la mienne également aujourd’hui.
Je réfléchis aussi très sérieusement avec d’autres à la question centrale de l’information, du rôle des médias, de leur influence sur le devenir d’un territoire comme le nôtre.
Enfin, j’ai en préparation un livre qui sera pour moi l’occasion d’une mise à plat directe et sans complaisance sur un certain nombre de sujets, sur l’analyse de la situation et surtout sur les voix et les perspectives pour une réussite réunionnaise à laquelle je crois profondément.
Mais aujourd’hui, et vous l’avez compris, je renonce à tout mandat électif, je n’envisage pas de me présenter aux prochaines législatives. La Droite et le centre ont besoin de se reconstruire pour ne pas disparaitre, ici comme en métropole. D’autres feront vivre et animeront je le souhaite cette ligne et ses valeurs. Je réponds aujourd’hui à une exigence à laquelle je crois : le nécessaire renouvellement de la classe politique. La politique n’est pas un métier mais un engagement pour les autres le temps d’un mandat.
Mon engagement politique en tant qu’élu s’arrête aujourd’hui.
Didier ROBERT